Homélie du frère Nicolas Burle – 11e Dimanche du temps ordinaire A – 18 juin 2023
En ce 18 juin, avez-vous entendu l’appel ?
C’est normal que vous n’ayez pas entendu. Puisqu’il fallait d’abord regarder.
« Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles. »
Jésus nous regarde. Et il est saisi de compassion.
Sommes-nous saisis de compassion devant les foules ? Pour cela, il faut commencer par relever la tête et regarder le monde autour de soi. Pour cela, il faut accepter d’être saisi.
Parmi les raisons qui poussent les volontaires Dom&Go à partir en mission se trouve à coup sûr celle-ci : avoir été saisi de compassion.
Sinon ils ne partiraient pas 6 ou 12 mois en volontariat mais en stage.
Sinon ils diraient oui au CDI qui leur tend les bras en France.
S’ils quittent tout pour partir, c’est parce que quelque chose les a saisis.
Parce qu’ils ont accepté de regarder ce monde si grand, ces foules si nombreuses.
Saisis de compassion parce que la misère du monde n’est pas à taille humaine.
Saisis de compassion et conscients que seul le Christ compatissant peut élargir suffisamment notre cœur aux dimensions du monde.
Mais regarder ne suffit pas encore faut-il écouter.
Jésus parle à ses disciples. Jésus nous parle. Il demande de prier pour qu’il y ait des ouvriers. Nous sentons-nous concernés par cette prière ? Allons-nous répondre avec enthousiasme « Seigneur, me voici ! » ou allons-nous montrer notre voisin à Jésus en disant : « Seigneur, le voici ! » Pour écouter encore faut-il avoir envie d’entendre. Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Les12 apôtres, eux, ne se sont pas défaussés à l’appel du Christ et c’est pourquoi saint Matthieu cite leurs noms. Nos Dom&Go aujourd’hui sont 13. Chacun d’eux a répondu à l’appel de son nom. Chacun s’est mis au service du Christ comme on se met en route : avec détermination, avec confiance, avec un pincement au cœur.
Simon, Blanche, Charlotte, Gabrielle, Benoît, Maylis, Guillaume, Gabriel, Louis, Felipe, Augusto, Elise et Lauriane.
Voici nos 13 ouvriers pour la moisson.
Partant de France ou venus d’Uruguay et des Philippines pour servir en Afrique, en Amérique latine, en France et en Terre sainte.
Et nous, frères et sœurs, nous avons entendu aujourd’hui l’appel à servir lancé par le Seigneur. Où travaillons-nous pour la moisson aujourd’hui ?
Car écouter ne sert à rien si nous ne mettons pas cette parole en pratique. L’enjeu de notre vie n’est pas de parcourir des milliers de kilomètres mais de parcourir 50 cm. Le chemin qui descend de l’oreille jusqu’au cœur. 50 cm que nous mettrons peut-être toute notre vie à parcourir. Il ne suffit pas d’être croyant, encore faut-il être pratiquant. Mettre notre foi en pratique. Pratiquer aujourd’hui et chaque jour cette parole du Christ : « vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »
Une volontaire a témoigné hier de l’année qu’elle a passé en Zambie. À la fin, pour son départ, les sœurs lui ont offert une spatule. Une simple spatule en bois prise dans la cuisine. Parce que cette volontaire avait partagé tous les repas pendant un an avec les sœurs. Parce qu’elles s’étaient nourries ensemble. Parce que l’hospitalité est sacrée.
Parce que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu.
Nous allons recevoir gratuitement le corps du Christ.
Donnons-nous à son image : sans compter. Sans rien attendre en retour.