Homélie du frère Franck Guyen – Dimanche 30 juin 2023
Les disciples du Christ entendent une petite musique qui parle directement à leur cœur, sans passer par les mots. Si on devait la retranscrire en langage humain, cela donnerait quelque chose comme : « Jésus est ressuscité, loué soit Dieu ».
C’est une bonne nouvelle, parce que tout ce qui concerne Jésus nous concerne, et non seulement nous mais la création tout entière : Dieu réalise son plan de salut en son Fils venu dans notre chair, la Passion et la Résurrection de Jésus – avec des lettres majuscules – ouvrent le ciel jusqu’alors fermé par le péché originel.
Et cette musique fait notre joie, car elle répond au désir de toute l’humanité et pas seulement d’elle mais de toute la création : le désir de vivre ensemble la vie bonne, la vie heureuse, réconciliée avec elle-même, avec les autres et avec Dieu ; cette musique répond à une espérance inscrite au plus profond de tout ce qui existe : le néant, l’absurde, le mal passeront, la bonté, la vie, la joie d’exister avec d’autres et pour d’autres ne passeront pas.
Il nous revient d’entendre cette petite musique et de la laisser résonner en nous jusqu’à nous transformer entièrement, dans notre chair, notre volonté, notre intelligence, notre affectivité. Et pour cela nous aurons à refuser de suivre les suggestions d’un monde fermé sur lui-même, « auto-référentiel », d’un monde qui mijote dans son jus de passions médiocres – ressentiment, colère, peur – de vues étriquées – il n’y a pas de vie après la mort, chacun pour soi – et d’obsessions puériles de jouissance, de domination et de possession.
Ce monde-là ne veut pas sortir de son jus, il veut continuer à tourner en rond, il ne veut pas lever la tête vers le ciel, il se refuse à reconnaître sa dépendance radicale à une réalité qui le dépasse infiniment – et cela fait son malheur.
Soyons clairs, ne nous croyons pas trop vite en dehors de ce monde qui passe aussi à l’intérieur de nous-mêmes. Nous avons à unifier notre être, nous avons à nous mettre au diapason du Père par son Fils, et cela prend du temps. Mais le grand bonheur, le bonheur authentique, le bonheur impérissable est à ce prix.
En conclusion, mes amis, n’acceptons pas les voix de résignation, de pessimisme, de cynisme, les voix qui veulent nous maintenir dans le bain tiède des passions médiocres et des projets trop humains.
Entendons la petite musique du Ressuscité, laissons-la résonner dans toutes les fibres de notre être, jusqu’à nous transformer en instruments choisis de toute éternité par Dieu. Nous ne sommes ni le compositeur ni l’interprète de la musique, mais le bois dont nous sommes faits, avec ses nœuds, son âme, son histoire, va donner à la musique sa couleur, sa sonorité uniques.
Béni soit Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours.