Homélie du frère Philippe Verdin – Fête de sainte Marie Madeleine
Pourquoi Marie ne reconnait-elle pas Jésus dans le jardin ? Peut-être parce qu’elle a les yeux pleins de larmes : ils lui brouillent la vue. Peut-être parce qu’elle n’ose pas y croire. Peut-être parce que Jésus n’est plus tout à fait comme avant : saint Augustin suggère que « le Seigneur pouvait changer sa chair de sorte que son apparence soit réellement autre que celle à laquelle les disciples étaient accoutumés. C’est ce qu’il fit avant même sa passion, lors de sa transfiguration, quand son visage est devenu brillant comme le soleil. »
« Brillant comme le soleil »… On vénère Marie-Madeleine sous le vocable de « l’apôtre des apôtres », puisque c’est elle qui la première témoigna de la résurrection. Mais ce n’est pas elle qui la première vit le Christ ressuscité, « brillant comme le soleil »…
La première qui vit le Christ ressuscité au matin de pâque, ce fut l’alouette. L’alouette, ce petit oiseau fasciné par la lumière du soleil. L’alouette est fascinée par tout ce qui est « brillant comme le soleil ». Une alouette avait fait son nid dans le jardin acheté par Joseph d’Arimathie. Elle fut réveillée au milieu de la nuit par un éclair qui jaillissait de la terre. Attirée, elle voleta jusqu’à la pierre roulée. Elle se posa dessus. Un Fils d’homme lui apparut dansa sa gloire. Elle comprit en voyant son visage que ce n’était pas un chasseur. Elle le prit plutôt, comme Marie-Madeleine, pour un jardinier bienveillant. Il avait une tête à faire griller des poissons et à rompre le pain plutôt qu’à rôtir les alouettes à la broche. Rassurée, elle s’est posée dans une blessure chaude, au creux de sa main.
L’alouette ni Marie-Madeleine n’ont eu peur de Jésus ressuscité. Elles ont reconnu leur ami, Dieu qui s’est fait homme pour que l’homme n’est plus jamais peur de Dieu. Accueillons-le comme notre Sauveur et notre compagnon radieux.