Homélie du frère Philippe Verdin – Samedi 16 septembre 2023

On juge l’arbre à ses fruits ? Cette affirmation de Jésus est désespérante !

Il y aurait donc d’un côté celui qui porte du bon fruit et qui plait au Maître. Et puis il y aurait celui qui porte du mauvais fruit, le médiocre, celui qui donne des poires blettes, des raisins acides, des fraises sans goût, des pêches dures comme caillou et qui est rejeté par le Maître.

Si on en reste à ce jugement, franchement, qui donc peut être sauvé ? Car de même que dans l’arboriculture fruitière, il y a des années bonnes et d’autres non – par exemple, cette année, une très bonne vendange s’annonce en bordelais et en Bourgogne alors que l’an passé, les pruniers du parc des Dominicains étaient presque stériles – de même pour nous, reconnaissons-le : il y a des périodes où on est plein d’enthousiasme, de générosité, de goût pour la prière et d’autres où on est mou, replié sur nous-mêmes, grognon, égoïste, sans zèle pour nourrir notre foi.

Alors, les choses sont-elles jugées : impossible de se bonifier, se convertir, passer d’une vie stérile à une vie féconde ?

Jésus semble sceptique. Parce qu’il connait le cœur de l’homme. Par notre propre force, par notre seule volonté, il nous est difficile de devenir meilleur, de porter du fruit quand on a longtemps été égoïste. C’est difficile de changer !

Mais Jésus est venu pour ça ! Lui peut tout changer, faire toute chose nouvelle ! Il est venu pour faire éclater le vieux tronc grâce à une sève surabondante, il est venu greffer sa vie divine sur notre vie rabougrie. Si nous laissons l’Esprit Saint transformer notre vie de l’intérieur, alors nous serons féconds, le désert refleurira, les arbres se couvriront de fleurs.

Accueillons dans cette eucharistie la vie de Dieu, nourriture qui nous fait grandir et porter du fruit.