Homélie du frère Nicolas Burle – Messe de l’aurore – 25 décembre 2023
Les Lorrains ont l’habitude d’ajouter voir à tous les verbes. Regarde voir (pléonasme ?), écoute voir (contradiction ?), sens voir (comment ?), goûte voir (c’est-à-dire ?).
Mais « voir » ne désigne pas ici le verbe mais plutôt l’adverbe « voire » au sens latin de verum, vraiment. Regarde voir, regarde vraiment. C’est ce qu’ont fait les bergers : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. »
Un frère me faisait remarquer un jour que tous les sens sont mobilisés à chaque messe et particulièrement à la messe de l’Aurore. Les bergers nous apprennent à regarder avec attention après avoir écouté avec attention, à sentir et à toucher. « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. » 1 Jn1,1
Mais il nous faut faire encore un pas. Si le Christ est né dans une mangeoire, à Bethléem, la maison du pain en hébreu, il veut qu’à chaque messe, nous approchions pour goûter, pour le recevoir intérieurement et non plus seulement extérieurement. Il veut être en nous pour que nous soyons en lui.