Homélie du frère Philippe Verdin – samedi 27 janvier 2024
Le Christ entraine ses disciples : « passons sur l’autre rive. »
Et nous ? Vers quelle rive le Seigneur nous pousse-t-il ? Quelle mer nous demande-t-il de traverser, quelle terre nouvelle nous demande-t-il de visiter ?
Oh, il ne s’agit peut-être pas pour nous d’aller au-delà des mers géographiques. Peut-être l’autre rive que nous devons aborder est-elle toute proche, peut-être même est-elle intime, à l’intérieur de nous. Avons-nous suffisamment exploré le continent de notre cœur, là où Dieu nous attend ?
Saint Augustin a cette image, suggestive en ce jour où nous entendons le récit de la tempête apaisée. Il dit : « Notre cœur est un lac battu par les vents, labouré par les vagues. Mais dès que nous descendons un mètre sous les flots, il n’y a presque plus de bruit. Descendons encore un peu dans notre cœur, il n’y a plus de mouvement. C’est en plongeant dans notre cœur que nous trouvons la paix, pas en restant à l’écume bouillonnante de la surface. »
Il nous faut peut-être descendre pour gagner l’autre rive. Il faudra ensuite remonter à la surface pour retourner à la maison commune, retrouver nos frères et leur partager ce que nous avons vu et entendu, ce que nous avons découvert.
Un jour, l’autre rive et la maison commune ne feront plus qu’un. Ce sera le jour de notre mort, le grand passage. Nous irons vers un nouveau rivage, là où Jésus apaise toute tempête, tout tourment, toute haine. Ce sera le retour dans le sein du Père, le retour au bercail, là où nous sommes nés et où nous sommes attendus pour l’éternité.
Que cette eucharistie nous donne un avant-goût de ce merveilleux voyage !