Homélie du frère Denis Cerba, op.
Il est bien évident que le Christ ne s’est pas littéralement envolé sous les yeux de ses disciples : ce que raconte saint Luc (et qu’il est le seul à raconter parmi les évangélistes), c’est une façon imagée de transmettre une vérité importante et difficile à appréhender, mais à laquelle ses disciples ont été confrontés : le Christ est parti, il s’est retiré du monde, il s’est retiré de cette présence physique et familière, de cette présence amicale peut-on dire, qu’il avait entretenue pendant quelques jours avec eux après sa résurrection (quelques jours, 40 jours, c’est pas très clair d’après les évangiles… : ici, à la fin de l’évangile de Luc, on a l’impression qu’il s’est éclipsé dès le soir même du dimanche de Pâques, puisque dans le récit de Luc, ce qu’on vient de lire fait suite immédiatement à l’histoire des pèlerins d’Emmaüs, qui s’est passée le jour même de la résurrection, vous vous rappelez). Alors ce départ un peu brutal dans tous les cas est quand même un peu bizarre, parce que ça cadre pas a prioritout à fait avec le comportement d’un ami — alors que c’est précisément ça que le Christ avait dit vouloir être pour eux désormais : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis », c’est l’un des tout derniers messages du Christ juste avant sa mort, donc quelque chose d’important. Un ami, en principe ça disparaît pas comme ça du jour au lendemain sans laisser de nouvelles, si ce n’est la promesse plus ou moins vague d’un retour à une date indéterminée : et force est quand même de constater qu’au bout de 2000 ans, on l’attend toujours. Jésus visiblement n’a pas tout à faitla même conception de l’amitié que nous.