Les 3 rêves de Dominique

Homélie du frère Benoît Ente pour la Saint Dominique

Chers frères et sœurs,
Fêter un saint ne consiste pas à entretenir un mythe, c’est-à-dire à faire le portrait idéalisé d’un personnage du passé. Un peu comme on va au cinéma voir un film hollywoodien qui nous plonge dans un monde parfait. Un tel film disparaît des esprits sitôt sorti de la salle obscure, face au monde réel. Au contraire, fêter un saint consiste à nous mettre à l’école d’un homme ou d’une femme ami de Dieu et des hommes pour affronter les défis d’aujourd’hui. Aussi, j’aimerais avec vous partager 3 rêves de Dominique qui parlent à notre temps.

La sobriété joyeuse

Pour réaliser sa mission, lorsqu’il parcourait villes et villages, Dominique a renoncé aux chevaux, aux délégations nombreuses, aux gros moyens. Il a choisi pour tout équipement la parole de Dieu et la compagnie d’un frère. De même, lorsqu’il a écrit les constitutions de l’ordre, Dominique a renoncé aux grands monastères qui possédaient de nombreux biens. Il a choisi pour les frères une vie pauvre et simple. Et malgré ces choix qui peuvent sembler frustrant, on dit de Dominique qu’il était joyeux et aimé par tous. Nous sommes au cœur de la sobriété heureuse, une maxime formulée par Pierre Rabhi et dont notre monde actuel a tant besoin.
Dominique a rêvé pour lui, pour ses frères et sœurs et pour le monde cette sobriété évangélique. Contrairement à ce que peut nous asséner le matraquage publicitaire, la vie de Dominique nous annonce que le bonheur, l’avenir de notre monde, la Bonne Nouvelle passe par notre choix d’une vie plus sobre, une vie qui tourne le dos à l’hyperconsumérisme ambiant. Et cette sobriété rendra notre vie plus belle et plus lumineuse.

Le bien commun

Lorsque des hommes et des femmes ont rejoint Dominique dans sa mission, il a voulu pour eux et pour lui-même une vie fraternelle dans le respect du bien commun. Une vie qu’il a voulu soutenir et promouvoir par la rédaction des constitutions. La communauté ainsi formée, ou chaque membre petit et grand a voix au chapitre, devient le moteur pour aller de l’avant et respecter le bien commun à tous. Là encore, ce choix de Dominique nous parle aujourd’hui.
Les biens communs les plus élémentaires, les plus fondamentaux pour la vie sont mis en périls par des habitudes, des erreurs d’orientation ou des lobby puissant : l’air que nous respirons dans nos villes qui devient source de maladies respiratoires, l’eau qui circule dans nos rivières, qui se jette dans la mer, les océans et qui charrient nos innombrables déchets, la terre nourricière sur laquelle nous vivons qui risque le burn-out.
Le rêve de Dominique d’une vie fraternelle dans le respect de chacun de ses membres nous ouvre la voie d’une société plus juste et qui sera ainsi mieux armée pour respecter et sauvegarder les biens communs indispensables à la vie.

La Bonne Nouvelle

Dominique était aussi un homme de compassion. Il s’est laissé émouvoir par l’errance spirituelle d’une génération, ceux que nous appelons les Cathars. Et il a choisi de consacrer son temps, son énergie, son intelligence à leur annoncer le sel de l’Evangile qui donne goût à la vie, la lumière du Christ qui conduit à liberté et au plus grand amour.
Dans notre monde où l’espérance s’évanouit au profit d’un pessimisme qui se veut lucide, il est urgent d’annoncer la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui se lie d’amour avec l’homme pour le meilleur et pour le pire, un Dieu qui promet de ne pas abandonner ceux à qui il a donné souffle de vie, un Dieu qui se fait tout proche de nous, sous la forme d’un visage, le visage du Christ, le visage du frère, de la sœur, le visage de la création entière.
Le rêve de Dominique d’un peuple qui accueille la lumière du Dieu d’amour n’a pas pris une ride. Une attente immense existe parmi nos contemporains, une attente que nous n’imaginons pas.

Conclusion

Je vous invite frères et sœurs à rêver, non d’une illusion mais d’un rêve de bon sens pour reprendre les mots de Paul. Celui d’une vie sobre et joyeuse, d’une communion fraternelle dans le respect du plus petit et du bien commun, celui d’un peuple qui accueille la bonne nouvelle du Dieu d’amour. Il y a 800 ans, Dominique s’est engagé pour que ces rêves deviennent réalité. Aujourd’hui dans cette église dominicaine, son témoignage nous appelle à poursuivre sa mission. Que l’Esprit notre guide dans cette aventure.

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